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Arcticle Ouest-France Mai 2000 informations générales 5'

Le psychologue Gérard Poussin met en garde

Divorce: l'enfant trop impliqué

Gérard Poussin, psychologue et spécialiste des enfants de parents divorcés.

Ce pouvoir conféré à l'enfant sur l'avenir de sa famille générerait "hyper-maturité, tension ou fantasmes de toute puissance".

Résidence alternée

"La course de certains parents à la procédure" n'arrange pas les choses. Parfois interminable, elle renforce le côté dramatique à la séparation. La concertation entre parents devrait y être favorisée: "Chaque fols que le Juge tranche, c'est un échec", conclut Gérard Poussin Lors des procédures de divorce, les juges impliquent trop les enfants et manquent d'imagination pour la répartition de la garde. C'est le point de vue défendu par le psychologue Gérard Poussin, au cours d'un congrès sur la parentalité, à Brest.

BREST. - "Oui, l'enfant souffre du divorce. " Cela peut paraître une évidence. Le psychologue Gérard Poussin, auteur de plusieurs ouvrages sur les enfants du divorce (1), est venu le démontrer, à Brest, dans le cadre d'un congrès sur la parentalité. En France, 15% des enfants ont des parents divorcés. Ils le vivent plus ou moins bien. "Des petits problèmes", dit Gérard Poussin, tels que l'échec scolaire ou le manque d'estime de soi.

L'un des principaux facteurs perturbateurs, selon le psychologue, est "l'implication de l'enfant dans le conflit entre les parents". Au cours de la procédure judiciaire, les mineurs sont trop souvent appelés à témoigner. "Un enfant est un enfant II ne devrait pas être partie dans un procès. Bien sûr, il a le droit à la parole, avec un travailleur social par exemple. Mais il n'a pas à être consulté directement par le juge des affaires familiales. "

Le psychologue souhaiterait ainsi sortir, en cas de divorce, de la traditionnelle répartition entre hébergement principal (accordé à la mère dans 80 % des cas) et droit de visite (en général un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires). Il y a d'un côté "le gagnant" et de l'autre " le perdant" qui laisse des traces chez l'enfant. Gérard Poussin préconise une répartition plus équitable: la résidence alternée.

" Ce n'est pas forcément du 50/50. C'est aux parents de trouver une solution adaptée aux besoins de l'enfant", avec l'aide des travailleurs sociaux. Mais, pour cela, il faudrait un changement des mentalités. La résidence alternée n'a pas la cote chez les juges... "On culpabilise les gens qui souhaitent la garde alternée. On dit que c'est l'horreur pour l'enfant, alors que le peu d'études réalisées montre que ce n'est pas vrai. "

Sébastien PANOU.

(1) La fonction parentale; Les enfants du divorce et Les conséquences de la séparation parentale chez l'enfant. Éditions Dunod