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LETTRE OUVERTE AUX CANDIDATS DEPUTES DE L'AN 2000.

 

Madame, Monsieur,

Les campagnes électorales se suivent et se ressemblent. Tout se joue autour de quelques thèmes : l’ Europe, l’emploi, l’immigration, la fracture sociale et l’avenir de la planète ... 

C’est vrai, ces thèmes sont fondamentaux, et je suis de près vos propositions.

Mais en tant que député, vous allez être amené à vous prononcer sur des centaines d'autres sujets qui ne rentrent dans aucune de ces catégories.

 Quelle représentativité pour quelle démocratie ?

Vous pouvez être représentatif de vos électeurs sur les sujets abordés dans votre campagne, dans votre profession de foi.

Qu’en est-il de votre représentativité sur le reste ?

Les électeurs élisent des représentants parmi des candidats qui déjà, au départ, ne sont pas représentatifs de la population quant à leur milieu socio-culturel et à leur niveau social. Cela est normal tant qu'il s’agit de nommer des représentants du peuple sur des sujets, des engagements et des idées annoncées et débattues.

En revanche, quand il s'agit de légiférer sur d'autres sujets, ... 

quid de la démocratie ?

 Exemple dans un domaine que je connais bien, celui de l’égalité parentale et de la revendication de nombreux pères de rester dans la vie de leurs enfants pour y jouer leurs rôles éducatifs et affectifs même après la séparation des parents :

Les députés, (ou ceux qui aspirent à l’être) sont des gens qui consacrent beaucoup de temps à leurs activités et à leur carrière politique. Voyages fréquents, réunions tardives, le cumul des mandats n'arrange rien.

C’est sans doute la seule façon de faire carrière dans cette profession. Cela les amène toutefois souvent à déléguer une de leurs fonctions, une des plus importantes, celle de parent. Et les députés étant en général des hommes, c’est alors la mère qui cumule son rôle et le "mandat du père".

Certes cela est conforme au modèle patriarcal traditionnel : le père chasse le mammouth, et la mère garde les enfants dans la grotte et veille au feu.

Mais ce modèle est dépassé ! Les parents « dans le coup » élèvent à deux les enfants et les femmes, qui ont eu du mal à ce que les sociétés ne les reconnaissent que dans leur statut de mère aspirent à jouer leur rôle de citoyenne à part égale avec les hommes.

Quand intervient la séparation parentale, les pères restent des pères et il n’est pas acceptable de les faire divorcer de leurs enfants.

Je ne doute pas qu’intellectuellement les députés adhèrent à ce raisonnement mais quand il s’agit de considérer ces pères qui se battent pour élever leurs enfants alors qu’eux mêmes ne l’ont pas fait, il y a une distance qui les culpabilise certainement et leur fait préférer de parler d’autre chose, d’autres lois et donc de ne rien changer. (Et puis vis-à-vis de leur propre épouse, bonjour le malaise !)

Il s’agit, on le voit, d’une non représentativité structurelle !

Sans doute, le rééquilibrage des sexes dans les parlements favorisera-t-il les changements indispensables pour l'exemple cité ...

Quelle sont vos analyses et propositions sur la question de fond et sur l'exemple ?

Lorsque le couple parental éclate, le père est éjecté, condamné à payer, à ne pas élever ses enfants, culpabilisé, "emprisonné financièrement", parfois emprisonné physiquement (alors que la prison pour dettes n'existe plus !).

Seules les femmes maîtrisent la fécondité des couples. L'exercice de la paternité est de fait soumis à l'acceptation des mères. Si la tendance continue, la famille type de l'an 2000, ce sera, les enfants et la mère. Le père n'aura que le droit de payer. On ne parlera d’ailleurs peut-être plus que de géniteurs.

95% de SDF sont des hommes divorcés. Combien d’entre eux sont des enfants de divorcés ?

Je vous serai obligé d'éclairer les électeurs sur les dispositions que vous comptez prendre quand aux questions soulevées, et d’indiquer la suite que vous comptez donner aux propositions suivantes :

Quelle place entendez-vous réserver à ces questions dans votre campagne ?

Dans l'attente, je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

Emmanuel VALETTE .